La vie d’Adèle — chapitres 1 et 2
|d’Abdellatif Kechiche, 2013, **
En sortant de la salle, franchement, j’étais sous le charme. Une belle histoire, bien racontée, avec plein de moments très vrais de toutes les histoires d’amour, des petits regards maladroits aux grandes déclarations en passant par les frustrations, les sacrifices et les pulsions plus ou moins bienvenues. Et, comme pour la BD qui a servi de base, pas de revendication pimpante sur l’homosexualité mais juste une histoire simple et honnête de gens qui s’aiment — et si ç’avait été un mec avec des cheveux bleus, ça aurait finalement pas changé grand-chose.
Et puis, avec un peu de recul, l’euphorie s’effondre. La finesse s’oublie, on retrouve les moments ratés (Léa et la colère, ça sonne vraiment pas comme il faut, comme les péroraisons sur l’orgasme féminin contre l’orgasme masculin), on revoit les scènes d’exposition gratuites, artificielles et dépourvues totalement de grâce et de sentiments (paradoxal pour un film dont l’amour est le sujet central, non ?), et on réalise la lenteur et la prétention du film — qui masque sous un vernis intello un mépris des gens ordinaires, présentés comme des mangeurs de pâtes homophobes plutôt que comme des êtres humains et opposés aux élites intellectuelles un peu pédantes mais forcément ouvertes et bienveillantes.
En somme, plein de beaux moments et des scènes vraiment émouvantes… mais pas un vrai grand film.