Paperman

bijou de John Kahrs, 2011

Comme Rebelle cet été (avec le superbe La Luna), Les mondes de Ralph est pré­cé­dé d’un court-métrage, bap­ti­sé Paperman.

Paperman est au fond assez ordi­naire : c’est l’his­toire d’une ren­contre brève et for­tuite entre deux incon­nus, sur un quai de métro, après qu’un coup de vent hasar­deux a fait voler les papiers qu’ils trans­portent, et de com­ment vent et papiers vont se liguer pour les faire se ren­con­trer à nouveau.

Mais comme beau­coup de courts, Paperman est une vraie expé­rience sty­lis­tique, élé­gante, sym­bo­lique et amu­sante. À l’heure de la sur­en­chère tech­nique, il joue sur l’as­pect clas­sique, dans un style propre, rétro, dans une ani­ma­tion irré­pro­chable mais qui semble faite main sur du papier à l’an­cienne — oui, le titre est un double sens intra­dui­sible, à la fois « l’homme de papier » et « l’homme aux papiers ». L’aspect final rap­pelle un peu cer­taines expé­ri­men­ta­tions de Pierre Seron (l’hé­ri­tier le plus doué et le plus créa­tif de Franquin, pour ceux qui l’i­gnorent) mâti­nées de l’é­lé­gance effi­lée d’un Jacques Tati. C’est expres­sif, sobre, beau et poé­tique tout à la fois, et le résul­tat est tein­té d’é­mo­tion simple et sans fard.

Ça dure même pas dix minutes, mais ce sont peut-être les plus belles minutes de la journée.