Kung-fu kid

de Harald Zwart, 2010, ****

Deux notes pour commencer :

1- ce film est dis­tri­bué sous le titre Karate kid, mais comme il ne parle pas une seconde de karate (le mot est bien pro­non­cé une fois, mais il est immé­dia­te­ment rap­pe­lé que c’est à contre-emploi), je ne l’ap­pel­le­rai pas comme ça ;

2- à son habi­tude, Allociné chie dans la colle. Extrait du résu­mé : « Mr Han, pro­fes­seur de Karaté à la retraite, embau­ché par les Parker comme chauf­feur et assis­tant ». a) Il n’en­seigne pas le karate, pour les rai­sons déjà évo­quées, mais le kung-fu. b) Il n’est pas prof à la retraite et n’a jamais ensei­gné. c) Il n’est pas embau­ché par les Parker, parce que « les Parker » n’existent pas (Mme Parker est veuve). d) Il n’est pas embau­ché par Mme Parker, mais par la rési­dence où elle loge avec son fils. e) Il n’est pas chauf­feur et assis­tant, mais homme d’entretien.

Cinq conne­ries en une demi-phrase, c’est de l’art. Le point e) est par­ti­cu­liè­re­ment impar­don­nable, puis­qu’un des élé­ments essen­tiels de l’in­trigue est qu’il ne conduit pas.

Bien, pas­sons au film…

L’histoire en elle-même est vue est revue : la pre­mière par­tie, c’est Luke débar­quant dans les marais pour de Yoda le pada­wan être ; la deuxième par­tie, c’est un match de Tekken. Autrement dit, on évi­te­ra de s’ap­pe­san­tir sur la trame glo­bale, qui n’a pas besoin de grand-chose pour céder.

Pourtant, le film fonc­tionne. Non par son his­toire, mais par ses à‑côtés : le contre-emploi de Jackie Chan est pro­pre­ment excellent — rap­pe­lez-vous : pour être un bon comé­dien, il faut être un bon tra­gé­dien —, Jaden Smith assure au point qu’il ne faut que quelques minutes pour oublier qui il est et ces­ser de remar­quer les tics piqués à son pôpa (un cer­tain Will, qui a joué un petit boxeur amé­ri­cain y’a quelques années)… Et mine de rien, le film est lar­ge­ment plus réa­liste que pas mal de trucs, sim­ple­ment parce que la plu­part du temps les acteurs font vrai­ment ce qu’ils sont cen­sés faire : je sais pas si Wen Wen Han est réel­le­ment vio­lo­niste vir­tuose ou si le mor­ceau est pré-enre­gis­tré, mais en tout cas elle bouge les doigts dans le bon sens au bon moment. La rela­tion entre Mei Yin et Dre est mimi, sou­vent mar­rante et plu­tôt bien fice­lée, et la façon dont Dre se fait fer­mer sa grande gueule au début du film est un vrai bon­heur. Et puis, les Chinois sont Chinois. Ça peut paraître évident, mais dans un film (par­tiel­le­ment il est vrai) amé­ri­cain, c’est inhabituel.

Bon, y’a quand même un truc qu’un pho­to­graphe ne peut pas rater : un coup don­né trente cen­ti­mètres devant un visage, que l’é­cra­se­ment des plans dû au télé­ob­jec­tif fait pas­ser pour un direct. Mais je sup­pose que la pro­duc­tion n’a­vait pas un grand quo­ta d’ac­teurs à casser.

La réa­li­sa­tion fait son bou­lot sans his­toire et le pho­to­graphe (Roger Pratt, qui avait fait Troy, film dont il n’y a bien que la pho­to­gra­phie que je n’ai pas cri­ti­quée, L’armée des douze singes et le pre­mier Batman notam­ment) se fait vrai­ment plai­sir avec quelques plans sublimes.

Au final, c’est donc vrai­ment une bonne sur­prise, dont on ne regret­te­ra que le trop long tour­noi final avec musique à gogo, et le hap­py end sur­ven­du qui aurait méri­té bien plus de sobriété.