Thelma et Louise
|indéniable réussite de Ridley Scott, 1991
Oui, je sais, ça peut paraître hallucinant : il aura fallu attendre aujourd’hui pour que je voie Thelma et Louise, pourtant considéré par beaucoup comme le chef-d’œuvre d’un réalisateur dont j’ai adoré pas mal de films (Le huitième passager, Blade runner ou plus récemment La chute du faucon noir¹ et Mensonges d’État), admis comme classique d’un genre que j’apprécie — le road-movie policier — et cité dans une de mes références incontournables (Mathilda en parle). Mais bon, ayé, c’est fait.
Sans déception, d’ailleurs. Thelma et Louise est un peu une version réussie et sans blabla pseudo-introspectif du Descente aux enfers de Francis Girod : une agression déclenche une réponse violente non contrôlée et, à partir de là, tout part en couille.
Tout tient sans doute au fait que ni Thelma, ni Louise ne sont excessivement caricaturales — ce qui n’était pas le cas du couple Brasseur/Marceau. Petites bourgeoises un peu coincées, certes, mais sans excès inacceptable. Des Louise (la revêche rangée et posée), on en a tous croisées, et des Thelma (la cruche qui pense qu’à s’amuser), j’en connais au moins une. La photo réussie et des rôles secondaires soignés renforcent l’ensemble, qui a également l’intelligence d’éviter un happy-end à la con comme on en a trop souvent vus même dans ce genre de film — et que Ridley avait pourtant soigneusement préparé, pour mieux se retourner le moment venu.
Accessoirement, c’est un film qui « respire », avec une alternance d’étouffements et de grands espaces libérateurs et un rythme progressif parfaitement maîtrisé — et bon sang, je dis pas ça de tout ce qu’a fait Sir Ridley, 1492 m’en est témoin.
Bref, un très grand film, qu’il faudra sans doute que je revoie un de ces quatre — j’ai le sentiment qu’il fait partie de ceux qui gagnent à être digérés proprement.
¹ Malgré une traduction hautement hilarante de son titre : Black Hawk est ici un nom propre, celui du UH-60, et l’expression « Black Hawk down » reprise en titre signifie tout bonnement qu’un UH-60 s’est fait descendre. L’expression correspondante en français serait un truc comme « Black Hawk à terre », mais ça devait sonner moins bien.