District 9

de Neill Blomkamp, 2009, ****

Vikus van der Merwe est char­gé d’or­ga­ni­ser le dépla­ce­ment de deux mil­lions d’ex­tra-ter­restres nau­fra­gés, par­qués depuis vingt ans dans un ghet­to au centre de Johannesburg. Il va rapi­de­ment en faire les frais : conta­mi­né, il entame une muta­tion qui va atti­rer à ses trousses tous les scien­ti­fiques et mili­ciens de la ville, aiguillés par la pos­si­bi­li­té d’u­ti­li­ser les armes extra-terrestres.

Disons-le tout net : on retrouve plein d’u­ni­vers connus dans ce District 9. Bilal y est omni­pré­sent, dès les pre­miers plans où l’ar­ri­vée du vais­seau extra-ter­restre en panne rap­pelle imman­qua­ble­ment le débar­que­ment de la pyra­mide dans Immortel (ad vitam). Le concept de ghet­to insa­lubre et concen­tra­tion­naire en Afrique du Sud pour­rait éga­le­ment rap­pe­ler cer­taines choses pas si anciennes… Et cer­tains pas­sages ne man­que­ront pas de vous rap­pe­ler Le guer­rier de la route.

Ceci étant, le film a le bon goût de ne pas éva­cuer tota­le­ment cer­taines ques­tions gênantes — en par­tant d’un pos­tu­lat inha­bi­tuel en SF : les extra-ter­restres, quoique très avan­cés tech­no­lo­gi­que­ment, sont nau­fra­gés et non domi­na­teurs — comme l’an­crage pro­fond du racisme dans la socié­té occi­den­tale ou la régu­la­tion des nais­sances d’une popu­la­tion domi­née par une popu­la­tion domi­nante. La pri­va­ti­sa­tion des ser­vices de sécu­ri­té, qui trans­forme de fac­to la police en milice, est éga­le­ment cen­trale dans le dérou­le­ment du scé­na­rio, qui ne pour­rait être tota­le­ment le même si la ges­tion du dis­trict 9 n’a­vait été confiée à une socié­té privée.

La trame glo­bale est un peu plus pré­vi­sible, se prête au pas­sage à quelques scènes d’ac­tion clas­siques mais réus­sies, apporte une fin assez télé­pho­née qui pour­rait faire pen­ser à Les titans (BD de Roger Leloup, pour les éga­rés qui ne connaî­traient pas leur Yōko Tsuno sur le bout des doigts), mais comme la réa­li­sa­tion est sans faille, le jeu d’ac­teur cor­rect et les per­son­nages juste assez cari­ca­tu­raux, l’en­semble passe vrai­ment très bien.