Surveillance

de Jennifer Lynch, 2008, ****

Les flics sont sur les dents : deux des leurs se sont fait tirer des­sus en inter­ve­nant sur un acci­dent de la route. L’un a la main trans­per­cée, l’autre est mort, et la plu­part des témoins ont été mas­sa­crés. Seules en ont réchap­pé une fillette et une jun­kie shoo­tée à mort. Et là-des­sus, deux fédé­raux débarquent pour leur piquer l’af­faire, inter­ro­ger les témoins et ten­ter de démê­ler l’affaire…

Faut pas avoir d’a prio­ri, il paraît. C’est bien, alors, parce que j’a­vais pas du tout fait gaffe au nom de la réa­li­sa­trice, et je n’ai per­cu­té qu’en le voyant sur l’é­cran. Mais bon sang ne sau­rait men­tir : il y a effec­ti­ve­ment du David Lynch dans ce film. Dans l’am­biance bizarre, les faux-sem­blants à plu­sieurs niveaux… On retrouve un peu les touches de la pre­mière heure de Mulholland drive, avec une nar­ra­tion alter­née entre dif­fé­rents points de vue, en flashes-back et en dia­logues déca­lés. On com­prend vite, éga­le­ment, que la petite fille a un rôle bien particulier…

Mais il y a une dif­fé­rence fon­da­men­tale entre le père et la fille : là où celui-là s’at­tache aux aspects sty­lis­tiques jus­qu’à oublier que le ciné­ma est fait pour racon­ter des his­toires (reproche que je balance aus­si à des Godard, entre autres), celle-ci uti­lise brillam­ment la vir­tuo­si­té fami­liale pour dérou­ler un plan réglé comme du papier à musique. Les trois couches de faux-sem­blants aident à mener le spec­ta­teur par le bout du nez, pour construire un beau polar bour­ré d’in­dices (remem­ber The usual sus­pects ?) qu’il sera bien­ve­nu de revoir.

Juste un petit détail gênant, cepen­dant : sor­ti dans seule­ment huit salles à Paris, celle où je l’ai vu était bon­dée au point que je suis res­té assis en haut de l’es­ca­lier. Un lun­di à 18 h 50, j’ose même pas ima­gi­ner ce que ça doit don­ner aux séances habi­tuel­le­ment plus fréquentées…