Ocean’s 8
|de Gary Ross, 2018, ***
Il est de bon ton, depuis quelque temps, de faire des remakes ou des suites de films connus en multipliant les premiers rôles féminins. Il est de bon ton, depuis lors, de descendre en flèche ces films, qui ne sont forcément que de « pâles remakes nés de la bien-pensance politiquement correcte » ou autre truc du genre. L’exemple typique fut le S.O.S. fantômes de 2016, plombé par la critique alors qu’honnêtement, c’était une comédie légère, bien servie, qui tournait sans problème.
Ocean’s 8 souffre du même phénomène, mais à une échelle supérieure. D’abord, il reprend évidemment les fondamentaux des Ocean’s (11, 12, 13) mais en remplaçant leur casting essentiellement masculin (aux exceptions de Julia Roberts et Catherine Zeta-Jones) par une équipe totalement féminine. Ensuite, il reprend les idées d’une trilogie de Steven Soderbergh, déifié de son vivant par une bonne partie de la critique, alors qu’il est signé Gary Ross (alias « ah, ah, ah, le mec qui a pondu Hunger games ?! »). Autrement dit, tout est réuni pour exciter le caractère de hyène du critique de base.
Alors, faut-il se battre pour sauver Ocean’s 8 ?
J’hésite un peu, honnêtement.
D’un côté, il ne mérite clairement pas d’être qualifié de « clafoutis de gimmicks du film de casse ». Il reprend évidemment les codes du genre et multiplie les clins d’œil, mais voilà, monsieur des Inrocks : les trois précédents aussi, c’est le principe même de la série. Il ne mérite pas qu’on défonce ses personnages, qui ne sont ni plus ni moins caricaturaux que les précédents, ni son manque d’ambition au-delà du pur divertissement, tout aussi valable pour les Soderbergh. Quant à le qualifier de « divertissement mécanique, défilé de stars, de botox et de placements de marques » (L’Obs), c’est là encore totalement valable pour les premiers films, en particulier Ocean’s 13.
D’un autre côté, il ne mérite pas non plus qu’on se fatigue à le défendre. Oui, il se contente d’être distrayant ; non, il n’a aucune prétention de grandeur ; évidemment, la réalisation est facile ; sans aucun doute, le scénario est inutilement alambiqué pour justifier la présence des huit casseuses et rallonger la sauce ; incontestablement, il laisse une impression de déjà-vu.
Efficace, prenant sans être fatigant, bien fait mais pas virtuose, ni détestable ni admirable en somme, Ocean’s 8 est dans la lignée de ses aînés. Comme eux, il est tout ce qu’on peut vouloir pour se détendre un dimanche soir. Et comme eux, il n’est rien de plus.