Un petit boulot
|de Pascal Chaumeil, 2015, ****
Ici, le monde se divise en deux catégories : les anciens de l’usine qui ont réussi à retrouver un petit taf de merde pour survivre, comme le pompiste, et les anciens de l’usine qui sont restés sur le carreau et vont de galère en plan loose pour trouver à bouffer et à boire, comme Jacques. Et puis, il y a Gardot, le type qui porte des costards, roule en Range-Rover, vit dans une villa, dont tout le monde se doute que le business n’est pas très honnête mais que personne ne va balancer parce que, mine de rien, il participe généreusement à la vie de la collectivité.
Gardot a un problème : sa femme le trompe. Et il ne peut pas la buter lui-même. Alors, il propose à Jacques 20 000 € pour le faire.
Un petit boulot, c’est la rencontre entre le film social et le polar noir à la française. Et pour réconcilier ces deux univers qui n’ont pas grand-chose à voir, c’est la comédie qui vient à la rescousse.
Acteurs en forme, dialogues ciselés, montage enlevé, c’est un petit film fort sympathique que nous proposent Pascal Chaumeil et Michel Blanc, alternant passages authentiquement tragiques (« le jeune là, personne comprend ce qu’il dit, on peut pas le garder ») et scènes du plus haut burlesque (« les produits de la marque doivent toujours être mis en valeur »).
Ça n’est évidemment pas aussi sérieux (et, du coup, pas aussi dérangeant) que Le couperet, mais ça n’est pas qu’une comédie et ça lorgne élégamment sur la galerie de portraits dans une région industriellement sinistrée. C’est drôle, bien sûr, mais aussi grinçant et parfois piquant. Et si quelques clichés sont évidemment présents, ils sont parfois efficacement détournés pour donner une touche d’originalité.
Bref, sans prétendre être un grand film, c’est une comédie pas si conne et hautement recommandable.