Les Ardennes

de Robin Pront, 2015, ****

Ça com­mence comme un film social : un misé­reux ordi­naire de la ban­lieue d’Anvers a ten­té un casse avec sa copine et son frère, il s’est fait cho­per, il sort quatre ans plus tard sans avoir balan­cé. Pour les deux autres, qui ont conti­nué leur vie et trou­vé des bou­lots de merde pour la gagner hon­nê­te­ment, com­ment dire à l’aî­né que les choses ont chan­gé et qu’ils ont avan­cé ensemble ?

Ça finit comme un polar noir : un cadavre à plan­quer, un ancien com­pa­gnon de pri­son pour seule aide, le tout dans ce pot de chambre de l’Europe que sont les Ardennes — une par­tie de Belgique où « sol » et « boue » sont des concepts indis­so­ciables et où on ne com­prend même pas ce que disent ces abru­tis de francophones.

Noël, c'est une fête de famille. Fête, famille. Vous voyez le problème ? - photo Diaphana distribution
Noël, c’est une fête de famille. Fête, famille. Vous voyez le pro­blème ? — pho­to Diaphana distribution

Entre les deux, ça bas­cule au rythme des insta­bi­li­tés du frère aîné, dont la pri­son n’a clai­re­ment pas adou­ci le carac­tère. Noir, glauque, dur, briè­ve­ment entre­cou­pé de scènes grin­çantes, le film pro­gresse impla­ca­ble­ment vers un finale boueux et for­cé­ment tra­gique — les lueurs d’es­poir, depuis la pre­mière séquence, on les comp­tait sur le doigt de la main.

Réalisation sobre, pho­to sombre qui colle au sujet (la Belgique, c’est pas exac­te­ment le pays des grands ciels bleus), acteurs par­fois inégaux mais plu­tôt bons dans la seconde par­tie, c’est bon petit thril­ler sans pré­ten­tion mais tout à fait réus­si que nos voi­sins d’outre-Quiévrain nous pro­posent ici.