Moonrise kingdom
|de Wes Anderson, 2012, ****
Une fugue est une composition musicale en contrepoint, construite sur la réponse entre différentes voix. Une fantaisie, pour sa part, est un morceau alternant différentes formes ou thèmes.
Moonrise kingdom tient un peu des deux. En cinéma, ça donne une succession anarchique de scènes plus ou moins absurdes et surréalistes.
Dès la présentation des personnages, il est clair que nous sommes dans un univers particulier, décalé et gentiment délirant, qui est aux scouts et aux insulaires ce que Le génie des alpages est aux bergers ou ce que Inglourious basterds est aux soldats : à partir d’une histoire potentiellement dramatique, le scénariste a laissé libre court à sa fantaisie, passant d’un tableau à l’autre, faisant se répondre des scènes qui n’ont rien à voir ou qui sont quasiment identiques, parodiant ouvertement quelques illustres aînés — y’a de La grande évasion là-dedans, du Full metal jacket aussi, mais également du Mary Poppins ou du Edward aux mains d’argent. Certains morceaux sont franchement comiques, d’autres plutôt baroques, d’autres franchement émouvants ; certains plans sont saturés et colorés à l’excès, d’autres sont ternes et limite sales.
Dans l’ensemble, Moonrise kingdom est donc incohérent, bizarre, anarchique, et très distrayant, un peu à la façon de Little miss Sunshine ou autres trucs du genre.
Deux choses méritent enfin d’être notées : d’abord, la MPAA (équivalent américain du CSA) l’a classé « PG-13 », soit interdit aux moins de 13 ans, pour « contenu sexuel et tabagisme » — et effectivement, deux enfants s’embrassent, ouh là là c’est chaud.
Ensuite, Bruce Willis a des cheveux. Si, si. Pour de vrai.