L’élève Ducobu
|de Philippe de Chauveron, 2010, ***
La Belgique, pays de la blague potache et de l’État sans gouvernement, a aussi fourni une belle série de dessinateurs de BD. Et quand une BD marche, on l’a vu avec Superman, Les gardiens, Kick-Ass, Lucky Luke, Tintin, Astérix, La foire aux immortels, Tanguy et Laverdure et consorts, on en fait un film¹. Le résultat peut être navrant, comme l’ignoble trahison baptisée Michel Vaillant, ou admirable, comme la splendide amélioration que fut V pour Vendetta.
Voici donc l’adaptation de L’élève Ducobu, cancre incurable préférant mettre sa vive intelligence au service de la triche et de la bonne blague que de la gaspiller à étudier ses cours. Et c’est… quelque part entre les deux.
Le film est distrayant, souvent assez amusant, parfois même vraiment drôle. Il est aussi légèrement pathétique par moments, soit au sens involontaire (quelques scènes franchement ratées, comme le passage de la mère Latouche), soit au sens volontaire (y’a des fois, on a vraiment pitié de ce pauvre instit hargneux, frustré et asocial).
J’avoue n’avoir pas été convaincu par tous les acteurs. Vincent Claude tient très bien son rôle et Juliette Chappey est parfaite en Léonie plus agaçante encore que dans la BD, Bruno Podalydès est plutôt convaincant et Élie Semoun est parfois impeccable — oui, je viens de dire du bien d’Élie Semoun, moi aussi ça me fait bizarre. Mais Helena Noguerra, par exemple, en fait toujours beaucoup trop, et Élie Semoun donne souvent l’impression de confondre le film et ses petites annonces — ah, ça rééquilibre, ça va mieux.
Au global, malgré une réalisation sans histoire ni rythme réel et un scenario ultra-léger, ça remplit assez bien le contrat, c’est conforme à ce qu’on en attend, et si ça ne bouleverse pas les fondements de la pensée humaine, ça ne mérite pas non plus qu’on le démolisse.
¹ Au passage, j’attire l’attention des producteurs sur le fait que Sillage, Thorgal, Polstar, Aldébaran, Le sommet des dieux et Névé, pour ne prendre que ce que j’ai sous les yeux là maintenant, ont un grand potentiel cinématographique. Merci de penser à moi à la fin du générique, dans les « remerciements ». Pour les producteurs de séries télé, je proposerai Buddy Longway et Yoko Tsuno.