L’immortel

de Richard Berry, 2009, ****

Un mafieux ran­gé se fait plom­ber, façon assas­si­nat plu­tôt que règle­ment de comptes. Mais il sur­vit. Entre enquête (qui, pour­quoi, après des années de retraite ?) et ven­det­ta, il remonte la merde de la mafia mar­seillaise en essayant de lais­ser sa famille à l’a­bri, tan­dis qu’une fli­quette veuve de flic espère pro­fi­ter de l’oc­ca­sion pour faire enfin tom­ber la pègre locale.

Voilà les ingré­dients d’un polar fort clas­sique, digne d’un Olivier Marchal autant que des grands maîtres du film noir à la fran­çaise — vous devez avoir enten­du par­ler de Melville, Corneau, Giovanni et consorts… C’est fort, avec des per­son­nages bien construits, très humains dans leurs qua­li­tés comme dans leurs fai­blesses, une excel­lente inter­pré­ta­tion, un réa­lisme confi­nant par­fois au gore (oui, une balle, c’est pas propre), un bon rythme aussi…

Reste le clas­si­cisme du film, qui ne plaide pas for­cé­ment en sa faveur : si les fans du genre (dont je suis) seront heu­reux de le voir plus que jamais res­sus­ci­té, les autres n’y ver­ront qu’un polar de plus avec cette rela­tion ambigüe entre grands truands et bons flics, faite de res­pect mutuel autant que de haine farouche, qu’af­fec­tion­naient tant les réa­li­sa­teurs pré­ci­tés et qui fut lar­ge­ment plus pro­fon­dé­ment creu­sée par Michael Mann dans Heat.

Ah, quand même, une fai­blesse qui confine à l’in­to­lé­rable : Richard, quand je vais au cinoche, c’est pour voir un film. Pas pour écou­ter un clip…