The clone wars
|de Dave Filoni, 2008,*
Entre L’attaque des clones et La revanche des Siths, il s’est passé des choses. La future défunte république est en guerre contre Dooku, tout ça, et tous les coups sont permis, la guerre, c’est sale. Y compris capturer une limace de dix kilos pour s’attirer les grâces d’une limace de trois tonnes. Du coup, un lot de Jedi doit retrouver la larve pour la rendre à son pôpa et pouvoir utiliser les routes du territoire des Hutt.
Premier truc qu’on remarque : on s’habitue vite aux nouveaux standards de films d’animation, fixés par des Wall.E ou autres. Du coup, The clone wars paraît terriblement vieillot, tout en tentant de faire moderne. On voit bien que l’intention du réalisateur était d’aller au-delà du simple dessin animé (« simple dessin animé », c’est pas une critique : j’y classe quelques chefs-d’œuvre immortels de Miyazaki notamment), mais il est à cent lieues du graphisme des Shrek ou Kung-fu panda par exemple. Du coup, c’est un échec graphique.
Deuxième truc, beaucoup plus gênant : George Lucas n’a jamais été réputé pour la complexité et la profondeur de ses personnages (à part peut-être dans La revanche des Siths), mais là, on bat des records. On n’aura même pas une vague scène que l’on pourrait simplement qualifier d’humaine — style le fameux passage du « I’m a pilot, you know » de La menace fantôme, qui nous montre une Amidala sympa qu’on ne reverra plus jusqu’à sa mort, sorry Nat –, et tout le sujet est épouvantablement prévisible de A à Z.
En fait, on est à 100 % dans un dessin animé écrit par un fanboy. On tente d’ajouter une lichette d’humour qui tombe souvent à plat, essentiellement basé sur les sales caractères d’Anakin et Ahsoka, qui n’est rien d’autre qu’une Anakin au féminin. On met beaucoup d’action avec toute la finesse d’un enfant de huit ans jouant avec ses Playmobil. Mais attention, quand on dit que la guerre, c’est sale, on signifie qu’on en vient à enlever des limaces, on ne veut pas parler de tripes éparpillées sur dix mètres carrés ou de gens qui meurent. Parce que là, même au sabre, on ne fera saigner personne, pas même on décoiffera qui que ce soit.
Mais la plus grande déception, c’est peut-être l’absence totale de l’univers La guerre des étoiles, qui était à mon sens le gros centre d’intérêt des films — en particulier La menace fantôme, où c’est tout une planète qui apparaissait avec pas mal de détails. Ici, Tatooine n’est ni plus ni moins qu’un bout d’erg avec des Jedi qui marchent et un robot qui roule au milieu, où même Jabba est bien propre et nettoyé. On ne trouve pas non plus un survol, même lointain, du sénat galactique ou de la politique de la république, réduits à une Amidala qui fonce sans réfléchir.
Bref, c’est terriblement vide et, à part quelques piques d’Ahsoka qui fonctionnent, il n’y a rien à sauver de ce bourbier immonde, dépourvu d’imagination, dépourvu d’émotion, dépourvu même de belles images.