Câini

de Bogdan Mirică, 2016, ****

C’est une pro­prié­té bizarre. Une grande zone de terre où l’herbe pousse mais où per­sonne n’a jamais rien éle­vé ni culti­vé. Un ter­ri­toire qui jouxte la mer Noire et le Danube, à peine cou­pé de quelques pistes de terre et d’une ligne de bar­be­lés. Au milieu, une mai­son, et dans la mai­son, un héri­tier qui ne com­prend pas bien com­ment ni pour­quoi son grand-père avait réuni une telle sur­face de terres sans rien en faire.

Tu aimes les thril­lers lents ? Tu vas aimer Câini¹. Tu aimes les ambiances ten­dues qui s’a­lour­dissent peu à peu ? Tu vas aimer Câini. Tu aimes les pay­sages vides, les pho­tos soi­gnées et les chiens carac­té­riels ? Tu va aimer Câini. Tu aimes les vieux flics fati­gués et désa­bu­sés, tu aimes les polars sans espoir, tu aimes que des gens louches t’in­vitent à boire un verre autour du cadavre d’un san­glier enra­gé ? Tu vas aimer Câini.

Tu fais comme tu le sens, gamin, mais ton grand-père était pas un saint et ici, mon pouvoir reste limité… - photo Iulia Weiss
Tu fais comme tu le sens, gamin, mais ton grand-père était pas un saint et ici, mon pou­voir reste limi­té… — pho­to Iulia Weiss

Bien sûr, si ton truc, c’est les bluettes ou les films d’ac­tion, autant te le dire fran­che­ment : Câini, c’est pas des enchaî­ne­ments hale­tants, c’est pas une enquête com­pli­quée, c’est pas un rythme, c’est pas même un scé­na­rio. C’est une ambiance, des silences, des lan­gueurs, juste inter­rom­pus par quelques éclats ponc­tuels. Mais si tu sais te lais­ser impré­gner par les ambiances de fin du monde, tu vas ado­rer Câini.

¹ Communiqué du Comité anti-tra­duc­tions foi­reuses : tant qu’à avoir un titre étran­ger, autant gar­der l’o­ri­gi­nal. « Dogs », en fran­çais, c’est pas français.