Mechanic résurrection
|de Dennis Gansel, 2016, *
Vous voulez savoir de quoi ça parle ? Ben c’est simple : c’est l’histoire d’un ancien tueur à gages implacable et d’un type qui a des gens à tuer. Alors, le type envoie une pouffe séduire le tueur en se disant que quand il sera accro, il pourra rappeler la pouffe pour le faire chanter. Mais comme le tueur est très intelligent il comprend tout de suite, mais il joue le jeu pour pas qu’elle se fasse reprocher, et comme ça quand le vilain enlève la pouffe comme prévu le tueur n’a comme prévu plus d’autre choix que de tuer.
Je sais. À ce stade, vous avez une image qui s’impose à votre esprit : Steven Seagal. Ça m’a fait le même effet, l’ancien as devenu citoyen lambda qu’une grosse machine contraint à reprendre ses vieilles habitudes, ça me fait toujours ça.
Mais là, il y a beaucoup moins de cheveux : c’est Jason Statham qui joue le rôle de Steven Seagal.
À part ça, on retrouve les mêmes recettes, réalisation virevoltante, tatanes acrobatiques, flingage à tout-va, rebondissements improbables et scénario ridicule.
C’est peut-être un détail, mais Grosméchant insiste beaucoup pour que les assassinats passent pour des accidents (sans jamais justifier cette importance, d’ailleurs). Du coup, pour le premier, il envoie Gentilchauve dans la prison où Cible1 est confortablement installé ; là, Gentilchauve bute Cible1 façon « il a confondu les ingrédients de cuisine » et l’installe genre « il est mort pendant sa prière ». Déjà, je vois bien la gueule des potes de Cible1, qui vont se dire « on l’a retrouvé agenouillé devant son autel, l’estomac bousillé, sans un bruit, ça doit être un accident ».
Mais là, il faut faire évader Gentilchauve sans attendre, donc deux minutes après avoir laissé le cadavre il fait péter le mur d’enceinte et saute à l’eau. Et là encore, les potes de Cible1 doivent suivre le raisonnement suivant : « bon, le boss a fait une intoxication carabinée après avoir rencontré en tête-à-tête à l’heure de la cuisine un type embastillé il y a deux jours, il a jamais appelé au secours et s’est installé tranquillement dans une position improbable pour mourir en paix. Deux minutes après le seul témoin de son accident culinaire se fait la malle à l’explosif. Aucun doute possible : c’est bien un accident. »
Oui, je sais, vous vous dites que je suis né dans le Vaucluse alors forcément… L’honnêteté m’oblige à vous dire que sur ce coup, j’exagère même pas, c’est exactement comme ça que ça se passe.
Je parle même pas de « l’accident » qui commence par escalader un gratte-ciel en plein Sidney : vu le nombre de touristes qui traînent dans cette ville, vingt secondes après avoir commencé, t’as deux mille personnes en train de te filmer et les flics qui bouclent l’immeuble pour être sûrs de te choper quand tu descendras.
Et quand les méchants savent que Gentilchauve va venir libérer Pouffe sur leur yacht, ils regardent l’horizon comme des cons et y’en a pas un qui pense à jeter un œil au sonar. C’est pourtant pas comme s’il avait déjà attaqué le même yacht avec les mêmes gardes en utilisant le même scooter des mers une demi-heure plus tôt…
Bref, nous avons ici affaire à l’exacte caricature du film d’action de série B : scénario crétin, dialogues surannés, personnages aux réactions incohérentes, montage nerveux chargé de faire passer tout ça. L’avantage, c’est qu’à aucun moment qui que ce soit ne donne l’impression d’y croire : tout le monde semble conscient de faire un film à voir entre potes devant une assiette de charcuterie et une bouteille de rhum vide. Du coup, c’est totalement honnête : comme Gentilchauve, la production avait pour contrat de faire n’importe quoi et s’y est appliquée avec efficacité.