Survivre

de Baltasar Kormákur, 2012, ****

Lorsqu’un être humain est plon­gé dans une eau à 5 °C, son espé­rance de vie ne dépasse pas quelques dizaines de minutes. Le froid fige les muscles, la res­pi­ra­tion même devient dif­fi­cile, la ten­sion chute, le cer­veau n’est plus ali­men­té cor­rec­te­ment et com­mence à déli­rer, et l’é­va­nouis­se­ment et la noyade inter­viennent rapi­de­ment. L’embonpoint et l’entraînement peuvent aider… à tenir une demi-heure au lieu de vingt minutes : pas de quoi chan­ger la donne. Tous les marins le savent, les pêcheurs d’Islande autant que les autres ; sauf que sur un petit cha­lu­tier, il peut suf­fire d’un accro­chage du filet dans un rocher pour faire cha­vi­rer le bateau…

Survivre com­mence comme un repor­tage dans le quo­ti­dien de pêcheurs des Vestmann, dans des condi­tions de mer rare­ment faciles. Il conti­nue comme un film catas­trophe, avant de tour­ner au sur­vi­vor… puis au repor­tage scien­ti­fique. Car dans l’é­qui­page du Breki, contre toute attente, un homme a sur­vé­cu, lais­sant pan­tois les méde­cins qui l’exa­minent, et ce simple rudeau des Vestmann va remon­ter jus­qu’en Angleterre pour pas­ser des tests bio­lo­giques poussés.

Survivre est donc assez varié, se relan­çant régu­liè­re­ment au moment où il ris­que­rait la mono­to­nie, par­lant d’é­mo­tion et de science, de cou­rage et de peur, de marins et d’autres gens — avec quelques détails tou­chants et très bien vus, comme la façon dont toutes les femmes de pêcheurs lèvent la tête au décol­lage de l’hé­li­co­ptère des garde-côtes avec une pointe d’an­goisse : est-ce pour le mien ?

C’est donc, glo­ba­le­ment, très réus­si, mal­gré quelques lan­gueurs ponc­tuelles et une poi­gnée de pas­sages un peu naïfs.

PS : les lin­guistes fous pour­ront au pas­sage essayer de com­prendre pour­quoi Gulli se pro­nonce /gul:i/ alors que Halla se pro­nonce /hatla/.