Miss Peregrine et les enfants particuliers

de Tim Burton, 2016, ***

Tim Burton a une qua­li­té : il sait tou­jours trou­ver un équi­libre entre le mignon et le flip­pant. Nul ne sait mieux trans­for­mer une inno­cente pou­pée de chif­fon en pré­da­teur ter­rible, créer une ambiance angois­sante dans un uni­vers gai et colo­ré, ou mêler inno­cence et per­ver­sions comme les deux faces d’une même pièce. Du coup, pour cette his­toire de gen­tils enfants super glauques, de direc­trice d’é­cole ter­ri­fiante de gen­tillesse et de pré­da­teurs invi­sibles sur une pai­sible île gal­loise, son choix était une évi­dence — et il est dif­fi­cile de s’en prendre à la réa­li­sa­tion ou à la direc­tion artistique.

Certes, mais.

Pendant 2 h 05, ils font partie du décor. Et dans les deux minutes où il servent, on se dit qu'on aurait commencé par utiliser leur particularité, le film était réglé et le monde sauvé en cinq minutes. - photo Twentieth Century Fox
Pendant 2 h 05, ils font par­tie du décor. Et dans les deux minutes où il servent, on se dit qu’on aurait com­men­cé par uti­li­ser leur par­ti­cu­la­ri­té, le film était réglé et le monde sau­vé en cinq minutes. — pho­to Twentieth Century Fox

Mais la moi­tié des per­son­nages ne servent abso­lu­ment à rien, et les scé­na­ristes ont par­fois dû se creu­ser le chou pour jus­ti­fier leur présence.

Mais les acteurs sont très inégaux : j’a­vais plus vu Samuel cabo­ti­ner autant depuis Incassable, Asa conserve avec appli­ca­tion les mimiques d’une huître éba­hie et Ella sur­joue au lieu de survoler.

Si tu veux pas que la femme de tes rêves s'envole, il faut l'attacher. Pardon, j'ai dû mal comprendre. - photo Twentieth Century Fox
Si tu veux pas que la femme de tes rêves s’en­vole, il faut l’at­ta­cher. Pardon, j’ai dû mal com­prendre. — pho­to Twentieth Century Fox

Mais, glo­ba­le­ment, tout est extrê­me­ment conforme aux canons du roman pour ados, les réac­tions de chaque per­son­nage étant tota­le­ment pré­vi­sibles dès la pre­mière scène où il appa­raît. Du coup, les élé­ments de sus­pense tombent à l’eau : on sait exac­te­ment ce qu’il va se pas­ser tout au long du film.

Un pro­duit propre, bien fait, par­fai­te­ment cali­bré, dis­trayant et pas désa­gréable, mais dépour­vu d’âme et d’en­jeu, en somme.