Comme des bêtes

de Yarrow Cheney et Chris Renaud, 2016, **

Que font nos ani­maux domes­tiques lorsque nous les lais­sons seuls dans un appar­te­ment pour aller tra­vailler ? Le gen­til bâtard reste-t-il fixé devant la porte en atten­dant notre retour ? Le caniche royal écoute-t-il toute la jour­née le disque de Mozart que nous lui avons mis avant de par­tir ? Le chat obèse fait-il une petite sieste de 7h30 à 18h30, à peine inter­rom­pue pour vider sa gamelle ? La per­ruche reste-t-elle sur son per­choir à refaire son plu­mage ? L’iguane guette-t-il dans son viva­rium les pas­sages de mouches ?

La bande annonce, elle a l'air trop bien ! Lance le film, lance ! - photo Universal Pictures
La bande annonce, elle a l’air trop bien ! Lance le film, lance ! — pho­to Universal Pictures

Théoriquement, c’est cen­sé être le sujet de Comme des bêtes. Et c’est pas mal fait : l’ob­ser­va­tion des bes­tioles a per­mis une ani­ma­tion soi­gnée, des atti­tudes réa­listes et plu­tôt bien vues, et on ima­gine volon­tiers qu’il a dû y avoir des cen­taines d’heures de films ani­ma­liers décor­ti­qués — un peu comme Disney avait pu accu­mu­ler les recherches pour créer Pluto et ses autres ani­maux il y a quelques décen­nies. Les délires sur la vie pri­vée des ani­maux sont ori­gi­naux et fran­che­ment amu­sants, et le film démarre plu­tôt bien.

Le pro­blème, c’est que les auteurs n’ont tenu qu’une ving­taine de minutes avec leurs idées ini­tiales. Du coup, il ont ajou­té à la sauce une plon­gée dans les bas-fonds de New York, avec un lapin psy­cho­pathe diri­geant une socié­té secrète d’a­ni­maux aban­don­nés par leurs maîtres et déci­dés à se ven­ger des humains. Et là, c’est du grand n’im­porte quoi, pathé­tique, lour­dingue, avec des situa­tions vues et revues, des gags qui tombent à plat et un pitch « gen­til embar­qué dans la mafia » abso­lu­ment ridicule.

Sérieux, c'est tout ce que t'as comme scénario ?!!! - photo Universal Pictures
Sérieux, c’est tout ce que t’as comme scé­na­rio ?!!! — pho­to Universal Pictures

Oh, c’est pas mal fait, le rythme est bien géré, les rebon­dis­se­ments aus­si, et les mômes adorent. Mais Dieu qu’il manque un deuxième niveau pour les gens qui ont plus de douze ans ! (Et non, ce n’est pas avec un clin d’œil à Mario Kart qu’on va me séduire.) En fait, toute cette accu­mu­la­tion de cli­chés et de retour­ne­ments débiles, ain­si que la morale finale qu’on résu­me­rait à « tout le monde il est beau, tout le monde il est gen­til », c’est dégou­li­nant de bons sen­ti­ments et dépour­vu de la moindre originalité.

Du coup, hor­mis les vingt pre­mières minutes, c’est un film pour enfants vrai­ment pour enfants, de ceux qu’on leur met à la télé pour être débar­ras­sé d’eux une heure et demie, mais sûre­ment pas de ceux qu’on va voir avec eux au ciné­ma avec plaisir.