L’âge de glace : les lois de l’univers

de Mike Thurmeler et Galen T. Chu, 2016, *

Vous vous sou­ve­nez de mon intro­duc­tion sur Le temps des dino­saures, troi­sième volet de la série ? J’y disais que la grande force des auteurs suc­ces­sifs avait été de réin­ven­ter leur œuvre à chaque étape, aus­si bien sur le plan envi­ron­ne­men­tal (de la gla­cia­tion à la forêt en pas­sant par la débâcle) que sur le plan thé­ma­tique (d’une his­toire kiplin­guienne sur l’hon­neur et la com­pas­sion à la construc­tion roman­tique et la vieillesse, en pas­sant par une quête iden­ti­taire en plein exil), et cela tout en mul­ti­pliant les niveaux de lec­ture pour lais­ser chaque spec­ta­teur y trou­ver sa sauce. Du coup, vous vous sou­ve­nez que La dérive des conti­nents, enfi­lant les cli­chés, impo­sant sans finesse sa crise d’a­do­les­cence et ses méta­phores fami­liales, m’a­vait fran­che­ment déçu.

Et bien là, on creuse.

Exploit : mélanger 2001, une demi-douzaine de films de SF, et Scrat, et arriver à ne pas me faire plus de dix secondes. - photo Twentieth Century Fox
Exploit : mélan­ger 2001, une demi-dou­zaine de films de SF, et Scrat, et arri­ver à ne pas me faire rire plus de dix secondes. — pho­to Twentieth Century Fox

Je vais juste dire un truc et j’au­rai tout dit : même Scrat a main­te­nant des gags ratés. Évidemment, il lui reste une ou deux scènes vrai­ment tor­dantes (l’er­reur de réglage de gra­vi­té, qui le fait écra­ser par son gland dans un vibrant hom­mage à Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, est une vraie réus­site), mais il y a des moments où on le voit faire des trucs en se disant « ah, encore ?… » Le reste est éga­le­ment très fort en gags qui tombent à plat et en sym­bo­lique oiseuse : la rela­tion entre Manny et son gendre est à elle seule un monu­ment de cli­chés à la fois nazes et écu­lés, et seules les rémi­nis­cences et clins d’œil à d’autres films méritent encore le détour.

Ouais, ça fait du monde… Et y'en a pas la moitié. - photo Twentieth Century Fox
Ouais, ça fait du monde… Et y’en a pas la moi­tié. — pho­to Twentieth Century Fox

Mais la vraie, dra­ma­tique fai­blesse de ce cin­quième opus, c’est d’a­voir vou­lu caser tout le monde. Au fil de leurs aven­tures, Manny, Diego et Sid ont ren­con­tré plein de déjan­tés variés ; plu­tôt que de sélec­tion­ner une poi­gnée de per­son­nages (ou de se conten­ter des nou­veaux) et de faire une his­toire autour, les auteurs se sont sen­tis obli­gés de reprendre abso­lu­ment tout le monde — il manque bien le bébé du pre­mier épi­sode, mais à part lui je crois que per­sonne ne manque à l’ap­pel. Du coup, cha­cun devant faire son numé­ro régu­liè­re­ment, l’en­semble est épou­van­ta­ble­ment décou­su, enchaî­nant les gags hors sujet juste pour pla­cer Untel ou Telautre.

Évidemment, on n’é­tait que six dans la salle, et per­sonne n’a­vait d’en­fant. Mais en cinq volumes, c’est la pre­mière fois que je n’en­tends qu’un ou deux rires dis­crets pen­dant le film.

Faut dire que c’est la pre­mière fois que je n’ai pas un vrai fou rire de tout le film.