Winter’s bone

de Debra Granik, 2010, ****

Pas facile à décrire, cette his­toire de gamine au carac­tère bien trem­pé qui s’oc­cupe de sa mère, son frère et sa sœur et recherche son père fugi­tif — pas par bon­té d’âme, mais parce que ce naze a uti­li­sé la mai­son fami­liale comme cau­tion pour sor­tir de taule avant de dis­pa­raître, ce qui risque de mettre la famille à la rue.

C’est une plon­gée bru­tale dans un envi­ron­ne­ment bru­tal, de péque­nots du Midwest avec secrets de famille, affaires plus ou moins légales et carac­tères bien armés. La pau­vre­té et la méchan­ce­té du « hil­l­billy » moyen, tra­duites à l’é­cran sans fard, dans un film sans beau­té, sans ten­dresse, dont l’hé­roïne n’est pas vrai­ment plus souple que les autres — elle est juste plus jeune et n’a pas encore pris l’ha­bi­tude de fer­mer sa gueule et de tirer à vue sur qui­conque ouvre la sienne.

Un vrai film de tai­seux, aus­si, ce qui donne sans doute une force sup­plé­men­taire aux dialogues.

Côté tech­nique, le mon­tage est bien, plu­tôt lent, mais régu­liè­re­ment ryth­mé et cor­res­pon­dant bien à un envi­ron­ne­ment visuel d’une pau­vre­té extrême. La pho­to est réel­le­ment soi­gnée — oui, on peut faire une belle pho­to d’un sujet sor­dide. La réa­li­sa­tion n’en fait pas des tonnes, c’est sobre, effi­cace et ça sonne « vrai », phé­no­mène ren­for­cé par l’ab­sence de musique (sauf bien sûr lors­qu’un per­son­nage a un ban­jo ou un vio­lon en mains, parce que faut pas oublier que le Missouri est un des ber­ceaux de la country).

Au total, le film est indé­nia­ble­ment très fort, même s’il donne pas une foi inébran­lable en l’humanité…

Un truc amu­sant tout de même : regar­der la tête des voi­sins de ciné, pris de haut-le-cœur quand on dépouille et vide un écu­reuil. Bon, c’est comme un lapin, mais en plus petit : rien de cho­quant… sauf pour un cita­din convain­cu que la viande appa­raît ex nihi­lo dans des bar­quettes en plastique. ^^