The green hornet

de Michel Gondry, 2010, **

Y’a des gens qui ont fait de la thune avec un cré­neau jadis mort : les films de super-héros. Après la reprise de Spider-Man par Sam Raimi et celle de Hulk par Ang Lee, l’ar­ri­vée de Catwoman chez Pitof a annon­cé la ten­dance : reprendre n’im­porte quelle œuvre pas­sée pour l’a­dap­ter au cinoche. Il y a eu des réus­sites (V pour ven­det­ta par McTeigue), des copies trop fidèles (Les gar­diens de Snyder), des échecs (Iron man de Favreau)…

Mais ça a rap­por­té du blé, donc on conti­nue. Cette fois, c’est Michel Gondry, auteur de l’ex­cellent Eternal sun­shine of the spot­less mind et du bar­ré mais sou­vent hors de pro­pos Soyez sym­pa, rem­bo­bi­nez. Et au pro­gramme, Le fre­lon vert, série radio des années 40 deve­nue série télé des années 60, adap­tée dans un monde moderne.

Ajoutons un détail : le pro­jet, ini­tia­le­ment pré­vu pour 2010, a été retar­dé de plu­sieurs mois pour… rajou­ter un second flux vidéo. Objectif : créer une pseudo-stéréoscopie.

Là, on se dit : ça doit être un cui­sant échec. Une adap­ta­tion de vieille série de plus, post-trai­tée en sté­réo­sco­pie, ça cache for­cé­ment des pro­jec­tions-tests ratées.

La bonne nou­velle, c’est que ce n’est pas si mau­vais que ça.

La mau­vaise, c’est que c’est pas bon non plus.

Pour quelques scènes qui marchent (les nom­breux sous-enten­dus sur l’o­rien­ta­tion sexuelle des héros, la retom­bée du rou­leau com­pres­seur, le moment où le héros essaie d’embrasser l’hé­roïne…), il y en a des tonnes de trop longues (toutes les scènes d’ac­tion notam­ment), et le besoin per­ma­nent de rap­pe­ler que le chauf­feur est le vrai héros finit par rendre le fre­lon vert bien trop con, bien trop épais et bien trop insup­por­table, au point qu’on est déçu de ne pas le voir cre­ver à la fin.

Finalement, c’est donc assez proche de Soyez sym­pas, rem­bo­bi­nez : quelques ful­gu­rances, mais une œuvre glo­ba­le­ment un peu ratée et lourdingue.

Quant à l’a­dap­ta­tion en sté­réo­sco­pie, je reste sur mes posi­tions : c’est à la Pace Fusion ce que le café lyo­phi­li­sé est au grain fraî­che­ment mou­lu. C’est de loin la meilleure recons­ti­tu­tion que j’ai vue (les nez par exemple ont un relief sépa­ré du visage), mais il reste de nom­breuses inco­hé­rences — humé­rus de 20 cm de long lorsque le héros se réveille, par exemple — et cer­tains pas­sages sont car­ré­ment hideux — les arbres, pro­chain défi des recréa­teurs de 3D. Et à la sor­tie, j’a­vais mal au crâne, ce qui ne m’é­tait plus arri­vé depuis Alice au pays des mer­veilles, qui était lui aus­si en pseu­do-sté­réo­sco­pie : coïn­ci­dence amu­sante, n’est-ce pas ?…