O’Brother

de Joel et Ethan Coen, ****

George Clooney n’a vrai­ment pas de bol : avec les Coen, il lui arrive tou­jours des his­toires incroyables.

Dans cette trans­po­si­tion par­tielle et tota­le­ment revue et cor­ri­gée de L’odyssée d’Homère, George joue Ulysses, un mal­frat ordi­naire, quoi qu’a­depte de for­mu­la­tions pré­cieuses et de gomi­na, envoyé au bagne dans les années 1930. Il s’é­vade, enchaî­né à Delmar, un simple d’es­prit, et Pete, un bou­gon mal embou­ché, à qui il a fait miroi­ter de par­ta­ger son butin.

Leur route étrange et sau­gre­nue les mène­ra d’embûche en embûche : pour­sui­vis par le shé­rif Cooley, ils se retrouvent pris en stop par un Al Capone en herbe, se font assom­mer par un négo­ciant aus­si beau par­leur qu’Ulysses, ren­contrent un gui­ta­riste blues qui a ven­du son âme au diable et un pro­duc­teur aveugle qui leur fait enre­gis­trer un tube, découvrent que « Pénélope » est sur le point de se rema­rier, se font séduire par les sirènes qui trans­forment Pete en gre­nouille et croisent même la route d’hommes poli­tiques en pleine campagne…

Comme d’hab, les frères Coen nous font un beau délire bien mar­rant. Comme d’hab, ils font en même temps un vrai polar. Comme d’hab, George est excellent de bout en bout (ah, l’ex­pres­sion qu’il prend un quart de seconde avant de des­cendre du train !). Comme d’hab, la pho­to est soi­gnée et touche par­fois au sublime. Comme d’hab, ce sont les rebon­dis­se­ments les plus incroyables qui passent le mieux.

Comme d’hab, les Coen nous pro­posent une œuvre magistrale.

Et encore mieux que d’ha­bi­tude, la bande-son est épous­tou­flante, dans la tra­di­tion folk-blues des années 30, avec une men­tion par­ti­cu­lière pour I am a man of constant sor­row, des Soggy bot­tom boys.