American beauty

chef-d’œuvre de Sam Mendès, 1999

Le film n’a com­men­cé que depuis deux minutes et, déjà, le ton est don­né : lucide, cynique et désespérant.

C’est, en fait, l’his­toire d’un type qui se réveille à qua­rante-cinq ans et se rend compte qu’il n’a jamais fait ce qu’il vou­lait faire. Mais ce n’est pas que cela.

C’est l’his­toire d’une Amérique pro­fonde, une chro­nique de quar­tier, une gale­rie de per­dus qui ont déjà raté leur vie — même à seize ans. C’est l’his­toire de deux jeunes gens qui tentent d’é­chap­per à leur des­tin d’en­fants de losers, d’un réa­li­sa­teur qui savait l’im­por­tance de la pho­to­gra­phie, et qui déci­da de faire le plus beau film du monde. C’est aus­si l’his­toire d’une blonde pathé­tique dans son besoin de plaire, d’un ven­deur de mai­son cou­vert de gloire et d’argent qui n’ar­rive même pas à régler un divorce, d’un mili­taire amou­reux des por­ce­laines nazies, d’un homo­sexuel refou­lé, de deux homo­sexuels vivant comme leurs voi­sins, d’un type dont la femme est si dis­tante qu’il en vient à se mas­tur­ber sous la douche pour avoir une vie sexuelle, d’un pas­sion­né de beau­té qui filme tout ce qu’il voit, d’un sac de plas­tique bal­lo­té par le vent et même d’un pays en pleine déliquescence.

Si vous avez l’im­pres­sion que c’est un fourre-tout bor­dé­lique, détrom­pez-vous : tout est lim­pide et, s’il ne fal­lait gar­der qu’un mes­sage, ce serait peut-être de faire explo­ser les murs qui nous empêchent d’ap­pré­cier ce qui est beau.

Allez‑y, essayez. Regardez d’un peu plus près…